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Fonds Père Wilfrid Nadeau

Fonds Père Wilfrid Nadeau

Fonds : F0113
Année : 1912 - 2014
Documents textuelsPhotographies

Description

0.03 m de documents textuels. - 01 photographie.

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Notes

Source du titre composé propre :

Le nom du fonds correspond à celui de son créateur.

Source immédiate d’acquisition :

Le fonds a été versé au Centre d’archives de la région de Rivière-du-Loup par Mme Cécile Bibaud le 6 janvier 2009. Cette dernière était la fille de Mme Jeanne Michaud, épouse de M. Rémi Bibaud, qui était la nièce du Père Wilfrid Nadeau. En décembre 2014, M. Alphée Nadeau, petit-neveu du R.P. Wilfrid Nadeau, déposa au CARRDL la documentation suivante : Biographie du Père Wilfrid Nadeau, généalogie de la famille Nadeau et une photographie.

Langue des documents :

Les documents sont en français.

Instrument(s) de recherche :

Une liste des pièces peut-être consultée.

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Notice biographique :

Le Révérend père Wilfrid Nadeau naquit à Notre-Dame-du-Portage, au diocèse de Québec, le 24 juin 1886, de Salomon Nadeau et Scolastique Laplante.

C’est là, près du grand fleuve, dans un site enchanteur à faire rêver les artistes, que s’écoulèrent ses premières années. Une bonne institutrice à qui, toute sa vie, il garde une reconnaissance grandissante, distingue cet enfant, dont elle dirait plus tard : « Je revois toujours cet enfant à tête blonde dont le souvenir s’est gravé si profondément dans mon esprit et dans mon cœur. Je le vois se préparant à sa première communion. Et comme je l’aimais, mon petit blond. Un peu plus tard, lorsque je rencontrai les Pères de la S. M. M., pourquoi l’image de mon petit blond s’est-elle présentée si vite devant moi ? Quelque chose me disait que cet enfant si bien doué serait un jour prêtre. Quand le Bon Dieu façonne une âme si libéralement, c’est qu’il la veut pour lui seul. » Cette brave institutrice (aujourd’hui Mme J. Michaud) le dirigea vers le juniorat S. M. M. qui commençait alors à Huberdeau.

C’est là que nous le retrouverons en I900. Il y resta jusqu’en 1905, encouragé par le vénérable curé de Notre-Dame-Du-Portage, qui écrivait à son jeune paroissien de fort belles lettres, toutes remplies d’esprit surnaturel : « Tu es maintenant assez âgé pour comprendre que c’est dans le travail, la pratique de la vertu et l’amour de Dieu qu’on trouve la paix et le bonheur sur cette terre si pauvre. » Le saint prêtre exulta quand son protégé lui annonça qu’il allait prendre la soutane et entrer au noviciat. Il y entrait de fait le 15 août 1905. Le bon curé était là pour l’encourager dans les luttes qui maintes fois vinrent assaillir l’aspirant missionnaire, l’assurant que les doutes étaient le meilleur signe de l’appel de Dieu. « Le démon sait bien que tu te sanctifieras dans l’état religieux et que tu sauveras beaucoup d’âmes, au lieu d’en perdre peut-être beaucoup dans le monde... Mets-toi dans le Cœur de Jésus et le Cœur immaculé de Marie, tu y seras à l’abri des attaques du méchant. » Soutenu par de tels encouragements, aidé par les directives viriles du bon Père Bridonneau, alors Maître des Novices, le Frère Nadeau émettait ses premiers vœux à Cyrville, Ont., le 15 août 1906.

Puis ce fut le scolasticat à Eastview. Peu fait pour la spéculation philosophique, l’étudiant eut à fournir un travail acharné. D’un commerce agréable, d’un caractère enjoué, qui eut pu croire que le Frère Nadeau connaîtrait des heures bien sombres. À mesure que les années cependant le rapprochent de l’autel, ses notes intimes nous montrent des luttes pénibles où toute la délicatesse de son âme éclate ainsi que sa confiance ardente en la Vierge Marie. Les scrupules agitent sa vie : « Je tremble, j’ai peur. Seigneur, Seigneur, la mer intenable, l’eau menace à chaque instant d’engloutir mon âme. Où êtes-vous donc, mon Maître ? Et vous, ma Mère, vous ne voyez donc pas que votre enfant perd ! Sauvez, sauvez mon âme ! »

Vint le jour tant désiré du sous-diaconat : « Dans quinze jours, je ne craindrai plus ; je ne serai plus pour le monde. J’ai écrit la nouvelle à mes chers parents. Qu’ils vont être heureux ! Pauvres vieux parents, ils méritent bien cela. C’est demain le grand jour. J’attends avec impatience. Oh ! que le moment arrive donc, enfin ! Il me tarde d’être à Dieu pour toujours. Il me tarde de donner à Dieu, pour ne plus me reprendre. » Ce fut le 29 mars 1910 qu’il reçut le sous-diaconat des mains du grand évêque canadien Monseigneur Latulipe. Alors, c’est le chant de triomphe : « Je suis enfin sous-diacre, quel bonheur ! »

Les étapes vers le sacerdoce seront vite franchies. Le 24 septembre 1910, il était ordonné diacre par Monseigneur Bruchési, archevêque de Montréal, en la cathédrale d’Ottawa. « Par la grâce de Dieu, j’ai eu le bonheur d’être ordonné diacre, écrit-il. Merci, ô mon Dieu ! Je vous demande comme grâce de cette ordination de devenir un saint et que les dons du Saint-Esprit que j’ai reçus aujourd’hui se fassent bientôt sentir. » Enfin, le 10 juin 1911, à Ottawa, il recevait la prêtrise des mains de Son Excellence Monseigneur Stagni, Délégué apostolique au Canada. Le journal intime se tait. Ce n’est que plus tard que le confrère écrira « le bonheur, presque infini, je dirais, que j’ai ressenti en faisant descendre Jésus pour la première fois sur l’autel. J’aurais dû relater. Mais à quoi bon ? Puisque tout cela est profondément gravé dans mon cœur... Mon cœur est mon meilleur mémorandum. »

Tel fut l’étudiant, tel sera le prêtre. D’une délicatesse d’âme, prompt à s’alarmer à la vue des dévergondages du monde, d’un zèle ardent qui ne rêve qu’à établir le règne de Jésus et de sa sainte Mère. Il ne comptera jamais avec ses forces. Durant les premières années de son sacerdoce, on trouvera peut-être en lui ce qu’on pourrait appeler un saint emballement ; mais les feux se calmeront et l’âme, parfaitement orientée, donne à sa pleine mesure, dans un sérieux où perceraient parfois les scrupules d’autrefois.

En 1912, nous le trouvons à Sainte-Hélène, paroisse de Montréal, qui n’était point encore aux mains de la S. M. M. ; il y fait fonction de vicaire. Il ne fait qu’y passer. Dès novembre, il est au juniorat de Papineauville. Là non plus ne se prolonge pas son séjour. Fin juin, il est vicaire à Notre-Dame de Lourdes d’Eastview. Il y devait passer quatre ans, mêlé activement à toute la vie paroissiale d’Eastview. En ces années on sait ce que cela veut dire d’abnégation et de dévouement. Il s’occupe de la Saint-Jean- Baptiste, des enfants de chœur, dirige la congrégation des enfants de Marie. C’était l’heure de la grande lutte en Ontario, pour la garde de la langue, gardienne elle-même de la foi. Dans cette lutte, à laquelle il ne pût rester indifférent, il prit une part active où, sans doute, il donna et aussi reçut plus d’un coup. Son souvenir vivace à où souvent, d’ailleurs, il revint prêcher témoigne du bien qu’il y opéra.

En novembre 1917, il était nommé missionnaire à Dorval. Jusque là, il n’avait été que dans la période de préparation. Le Père Nadeau était né pour être missionnaire. Belle prestance, voix chaude et vibrante, foi ardente, bonté prenante, enjouement joint à un fond très sérieux, voire sévère, il avait tout pour réussir. Avec cela, travailleur infatigable. Il ne sut jamais ce que c’est que de négliger la préparation d’un sermon. Je me rappellerai toujours avec quelle avidité il se plongea dans l’étude des conférences du Père Janvier. Aussi bien, c’est comme missionnaire qu’il devait connaître les plus grands succès.

Toutefois, il n’eut encore que le temps de faire un peu d’entrainement, de novembre 1917 à juin 1918, époque où il fut nommé curé intérimaire à Dorval. Il se résigna à cet arrêt : « C’est la volonté de Dieu. Amen. Je n’ai rien demandé, rien désiré. Avec la grâce attachée à l’obéissance, je ferai ce que Dieu attend de moi. » Ce furent dix-huit mois de dévouement journalier notamment à la direction des hommes groupés dans la Congrégation de la Sainte Vierge. Il érigea aussi le superbe monument au Sacré-Cœur qui se trouve devant l’église de Dorval.

En décembre 1919, il était définitivement missionnaire. Il reste à Dorval jusqu’en 1922. En mai de cette année était fondée la nouvelle résidence de missionnaires de Lauzon, près de Québec. Le 14, nous y trouvons le confrère avec le Frère Jean de Dieu. « La Sainte Vierge, écrit-il, doit la regarder avec amour cette maison, car de son sein s’envoleront les apôtres de Montfort, chargés de convertir les âmes par la prédication du saint esclavage. Puissent-ils être tous et toujours, ces missionnaires, les vrais prêtres de Marie, se demandait Montfort dans sa prière enflammée : Memento Congregationis tuae. Da Matri tuae liberos, alioquin moriar. »

C’est là qu’il devait rester jusqu’à sa mort, comme inférieur jusqu’en 1931, puis supérieur au retour du chapitre général. De là, il rayonna non seulement dans la chère Province de Québec, mais un peu partout au Canada et dans l’est des États-Unis. Vie pleine que la sienne ! Et je relève dans son cahier de travaux, pas moins de 216 retraites de 1922 à 1933, sans compter foule de travaux d’occasion. Il faut y joindre une cinquantaine de retraites prêchées quand il était à Dorval pour se faire idée de sa carrière.

Qui dira les labeurs que cela représente ? Mais que de consolations aussi pour un missionnaire ! Que de retour à Dieu et de conversions ! Marie a tant de délicatesses pour les siens, qu’elle les encourage de toute manière. C’est ainsi, pour me borner à un fait, qu’en septembre 1925, alors qu’il prêchait à Ocean Grove, une pauvre fille, paralysée depuis huit ans et condamnée par les médecins, qui se faisait transporter à tous les exercices de la retraite se lève tout d’un coup et, en présence de toute la foule, se met à marcher, va se jeter aux pieds de la Vierge, qui trône au milieu du chœur en criant sa joie et sa reconnaissance et en redisant : « Merci Bonne Mère Merci Bonne Mère ! » Elle était parfaitement guérie. La Vierge encourageait son apôtre à répandre son culte et à la faire connaître et aimer.

Le Père Nadeau n’avait garde d’oublier la doctrine montfortaine. Il la faisait connaître aux âmes, témoin ce récit que je lis dans la revue d’une congrégation religieuse : « Je remarque une note distinctive de ces pieux exercices : la vénérable dévotion envers la Très Sainte Vierge, qu’en vrai fils de Montfort le Père s’est efforcé de nous inculquer, par la pratique du saint esclavage de Marie, telle que le saint fondateur l’entendait et la prêchait lui-même dans ses courses apostoliques. »

La manière du père Nadeau était forte et vibrante : il secouait véritablement son auditoire. Aussi, c’est dans les paroisses et les collèges qu’il connut les plus grands succès. Mais s’il prêchait avec véhémence, il savait comme notre Bienheureux Père, se montrer si bon avec les pécheurs que l’on peut dire, d’une manière générale, ce que je lis de lui dans le compte rendu d’une de ses missions sur un journal local : « Comme Notre Seigneur, il montra une grande mansuétude envers tous. »

À ce véritable apôtre était réservée la mort la plus glorieuse pour un apôtre. Comme Montfort, il tomba sur la brèche. C’est au cours d’une mission que la mort vint le frapper, dans sa paroisse natale, là même où il avait prêché jadis sa première mission.

Nous l’avions revu à Dorval pour le Conseil provincial dont il faisait partie depuis 1931. Il était apparemment débordant de vie et de santé. Rarement on l’avait vu plus joyeux. Le 22 novembre, il commençait une retraite paroissiale à Notre-Dame-Du-Portage. Le lundi 23, il ressentit une crise qui l’inquiéta un peu. Le 24 au soir durant le chapelet, par deux fois il fit prier pour le premier de l’assistance qui paraîtra devant Dieu. Il prêcha sur la confession et après la bénédiction du Très Saint Sacrement, il dit un mot sur la miséricorde de Marie et la médaille miraculeuse qu’il avait tant répandue durant ses années de prédication. Il rentra au presbytère. Le curé le suivit quelques minutes plus tard et le trouva étendu près de l’escalier. Le temps de l’administrer et d’appeler le médecin, en dix minutes tout était fini et le médecin ne put que constater qu’une angine avait emporté le cher Père Nadeau. Il avait 47 ans et 4 mois, dont 27 de vie religieuse.

Ce fut avec une véritable consternation que la paroisse apprit la triste nouvelle. Pour nous, ce fut un vrai coup de foudre. Au milieu des larmes de l’assistance qui se composait en grande partie des parents et amis du bon Père Nadeau, le Révérend Père Jalbert célébra la messe des funérailles. On y comptait une trentaine de prêtres en plus des Pères S. M. M.. Monseigneur Boulet, supérieur du Collège de Sainte- Anne-de-La-Pocatière, représentait le Cardinal.

C’est dans le petit cimetière de Notre-Dame-Du-Portage, où repose son père et sa mère et nombre de parents que le Père Nadeau fut enterré. Lui-même avait dit la veille de sa mort en visitant le cimetière : « Comme j’aimerais reposer ici à côté des miens, tout près de notre grand fleuve ! » Nombreux furent les témoignages de sympathie. Le Cardinal Villeneuve fut un des premiers à dire la peine que lui causait cette pieuse mort soudaine. Nombreuses les prières. Les religieuses de Jésus-Marie de Lauzon firent chanter un service solennel pour celui « qui fut un véritable Père spirituel pour la communauté ». Combien délicate la démarche de cette pieuse fille d’une grande ville des États-Unis qui, à la première nouvelle de la mort, envoyait deux dollars pour faire dire deux messes pour le missionnaire qui autrefois lui avait annoncé la parole de Dieu. « C’était, écrivait un prêtre en apprenant la mort du Père Nadeau, un missionnaire tel que le voulait notre Bienheureux Père dans sa prière pour demander des missionnaires. Daigne la Vierge du Rosaire lui donner la récompense de son zèle à la faire connaître et aimer ! » F. L. T.

L’Abbé Edm. Pelletier résume ainsi les différentes étapes de sa vie :

  • Le 24 juin 1886 : naissance de Wilfrid Nadeau à Notre-Dame-du-Portage.
  • De 1900 à 1905 : études à l’École Apostolique de sa congrégation, Huberdeau, QC.
  • De 1905 à 1906 : noviciat à Cyrville, Ont.
  • Le 15 août 1906 : première profession religieuse.
  • De 1906 à 1912 : études philosophiques et théologiques au scolasticat d’Eastview, Ont.
  • Le 10 juin 1911 : ordonné prêtre en la cathédrale d’Ottawa par Mgr Stagni, délégué Apostolique. Vicaire un an à Sainte-Hélène de Montréal.
  • En 1912 et 1913 : professeur au juniorat de Papineauville, QC.
  • De 1913 à 1917 : vicaire à Notre-Dame de Lourdes, Eastview, Ont.
  • De 1917 à 1922 : cinq ans à Dorval, où il fut desservant de la paroisse en 1918 et 1919.
  • De 1922 à 1931 : missionnaire de la Compagnie de Marie à Lauzon.
  • De 1931 à 1933 : supérieur de la Compagnie de Marie à Lauzon.
  • Le 24 nov. 1933 : décès à Notre-Dame-du-Portage.

Sources :

  • Retranscription d’un document reçu aux environs de 1960 des mains de Lezzie (Élizabeth) Nadeau par Alphée Nadeau, petit fils de Léocadie Bouffard, épouse d’Alphée Nadeau, frère du P. Wilfrid Nadeau. Lezzie Nadeau était la tante du P. Wilfrid Nadeau puisqu’elle était la fille de Bridget Dunnigan, sa première femme.
  • Album Historique et Paroissial de Notre-Dame-du-Portage, 1723 à 1940, Abbé Edm. Pelletier, Ateliers de l’Imprimerie Provinciale, Enr, Québec, 1942, p. 147. Sa Nécrologie couvre les pages 235 à 239.

Portée et contenu :

Ce fonds témoigne des relations entretenues par les membres d’une famille canadienne-française durant les années 1912 à 1933. Ce fonds renseigne de l’importance et de l’impact qu’avait la religion à cette époque. Il relate également du travail d’un missionnaire catholique qui prêcha dans différentes régions du nord-est de l’Amérique du Nord (Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Angleterre) au cours de cette même période. Le fonds contient de la correspondance. Ce sont les lettres que le père Wilfrid Nadeau a écrites à sa nièce Jeanne Michaud. Il est également possible de retrouver quelques lettres que le père Nadeau a écrites à sa soeur. Enfin, le fonds contient une biographie sur le R.P. Wilfrid Nadeau, la généalogie de l’ancêtre Joseph-Ozanie Nadeau jusqu’à Salomon Nadeau (père de Wilfrid) et une photographie.

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